lundi 2 août 2010

Courrier adressé à Monsieur le 1er Ministre et relatif au dossier « ONEMA ».

Monsieur le Premier Ministre,

J’ai l’honneur de vous signaler les interventions intempestives, grotesques et ridicules d’un organisme que je ne connaissais pas avant et qui s’appelle l’ONEMA.

Au mois de mars 2009, une dizaine de fonctionnaires de cet organisme sont arrivés sur le site thermal d’Amnéville avec un déploiement de forces et de matériel considérable.

Les curistes m’ont téléphoné pour me signaler cette intrusion inopinée en la comparant à celle des «experts de Miami »…

Ces agents de l’ONEMA ont dit qu’ils étaient chargés de contrôler la pollution engendrée par l’écoulement de l’eau thermale.

Or, vis-à-vis de l’ARS et de tous les organismes de l’Etat, nous sommes en règle depuis 25 ans.

Il n’en demeure pas moins que l’ONEMA m’a adressé un procès verbal N°20090813-2596-01 en date du 13 octobre 2009.

J’ai été convoqué par le Procureur de la République au prétexte que l’eau thermale polluerait un ruisseau dénommé par l’ONEMA « ruisseau du bois de Coulange ».

Bien entendu, quand j’ai pris connaissance des faits qui m’étaient reprochés j’ai éclaté de rire. En effet, cette accusation est totalement aberrante dans la mesure où aucun ruisseau n’a jamais été répertorié sur le plateau de la forêt du bois de Coulange.

Ce que l’ONEMA semble prendre pour un ruisseau est en réalité un fossé creusé par la commune pour l’écoulement de l’eau thermale !

De surcroît, en amont de ce fossé, les agents de l’ONEMA ont découvert une sorte de mare à sec dans laquelle il y aurait des mollusques…. Ils en ont donc déduit qu’il s’agissait d’un ruisseau.

Tous les pêcheurs du coin ont cherché vainement le ruisseau du bois de Coulange et à leur grand désespoir ils ne l’ont jamais trouvé !

Tout le monde sait qu’un ruisseau provient d’une source. Si tel était le cas, cela ferait belle lurette que nous aurions utilisé cette opportunité pour réaliser le lac artificiel dans le bois de Coulange. Nous avons dû faire appel à l’eau d’exhaure des mines.

Ainsi donc, ce procès verbal de l’ONEMA est d’autant plus illogique que les services de l’Etat, à savoir la DDASS et la DRIRE chargés de ce dossier d’écoulement de l’eau thermale ne se sont jamais manifestés. Ce qui veut dire en clair que nous pouvons répondre à l’ONEMA : « De quoi je me mêle ? »

Ayant échoué lamentablement dans cette affaire de pseudo pollution d’un ruisseau n’ayant jamais existé dans le bois de Coulange, l’ONEMA a trouvé un nouveau « champ de bataille » encore plus risible.

L’ONEMA m’a, en effet adressé un procès verbal n° 20080506-2304.01 en date du 6 juillet 2010 alors qu’il avait été établi en date du 30 avril 2008, avec bien entendu, copie au Procureur de la République.

Entretemps mon Directeur de Cabinet avait été convoqué par la police sur ordre du Procureur de la République. J’ai donc appris deux ans après l’établissement du procès verbal que je suis encore une fois un délinquant…

Cette fois ci, quelle horreur ! Je suis accusé « de destruction du site de reproduction et des aires de repos des tritons et crapauds » émigrés des zones marécageuses de Malancourt-la-Montagne, annexe d’Amnéville situé à 10 kilomètres !

Figurez-vous que ces « batraciens protégés » sont descendus de Malancourt, on ne sait toujours pas par quel moyen ! Ils se sont installés sur le crassier deux fois séculaire, qui a été pendant 200 ans le dépotoir des déchets de l’industrie sidérurgique.

Pour dépolluer ce site, la DREAL a préconisé le confinement de l’ensemble de la surface par 30 cm de terre.

Lorsque les engins ont exécuté les travaux de confinement et de dépollution, les inspecteurs de l’ONEMA m’ont de nouveau attrait devant le Tribunal au prétexte que j’aurais détruit les aires de reproduction de nos tritons et de nos crapauds.

Je voudrais d’abord vous faire remarquer, Monsieur le Premier Ministre, que jamais personne n’a vu un seul crapaud ou triton dans les flaques d’eau du crassier.

La seule preuve invoquée par l’ONEMA se fonde sur des enregistrements sonores effectués par ces grands spécialistes : « des écoutes de chants nocturnes ont permis de vérifier la présence du pélodyte ponctué et du crapaud calamite, ces chants ont été enregistrés… les enregistrements sont disponibles en format numérique MP3 »

Cependant pour être honnête, les agents de l’ONEMA ont observé « un individu juvénile de triton palmé » à l’endroit d’un chantier de lotissement sur lequel il y avait un hectare de serres horticoles.

S’il fallait donc reconstituer le site de reproduction de ce triton palmé, il faudrait reconstruire les serres qui ont été récemment démolies.

J’ai transformé cette affaire en une fable pour les enfants. Il y a quelques années, il y avait de la défusion dans l’air ; les tritons et les crapauds de Malancourt se sont réunis pour organiser la fuite vers Amnéville. Ils ont trouvé sur le crassier en pleine dépollution un terrain d’épanouissement exceptionnel !

Mais depuis qu’il n’y a plus de danger de défusion, les tritons et les crapauds sont remontés à Malancourt !

Je voudrais également faire remarquer à ces fonctionnaires de l’ONEMA que ce crassier, dépotoir industriel deux fois séculaire, une fois dépollué, a été occupé par la collectivité.

Nous sommes donc les premiers arrivants sur ce site. Les crapauds et les tritons s’y sont installés après dans la plus parfaite illégalité !

Cette affaire est de nature à faire rire toutes les populations environnantes, mais il n’en demeure pas moins que cette administration que je ne connaissais pas s’est permis d’émettre un avis défavorable dans le cadre d’un permis de lotissement de 37 hectares.

Monsieur le Premier Ministre, votre collègue Jean-Louis BORLOO, m’avait écrit récemment que l’agglomération de la sidérurgie archi-polluante était en règle vis-à-vis de la population…

Mais pour l’ONEMA, des supposés tritons et crapauds émigrés sur le crassier ont plus d’importance que toute une population menacée par une pollution insupportable de la sidérurgie.

Trop, c’est trop… Ce harcèlement incessant de la part des institutions de l’Etat à mon encontre et à l’encontre de la commune d’Amnéville est proprement scandaleux.

Comme l’Etat est engagé dans une politique de rigueur budgétaire, des milliers de postes de fonctionnaires vont être supprimés. Je vous suggère, en conséquence d’éliminer l’institution dite ONEMA qui est inutile et qui est de nature à entraver le développement économique d’une municipalité.

Il faut savoir également que l’ONEMA a déclenché contre moi deux informations judiciaires… Pour les tritons et les crapauds, c’est mon Directeur de Cabinet qui a été convoqué à la police et lorsque le Commissaire de la Police d’Hagondange m’a téléphoné pour m’entendre sur l’affaire de la pollution du ruisseau qui n’a jamais existé, j’ai bien été obligé d’exprimer mon mépris devant un tel acharnement.

S’agissant d’une conversation téléphonique informelle, je me suis permis évidemment d’exprimer mon ras-le-bol vis-à-vis du comportement de l’ONEMA.

Quelques mois après le Commissaire de Police judicaire de Strasbourg demande à m’auditionner dans le cadre de cette affaire… Me voilà accusé d’outrage par le Procureur de la République de Metz, Monsieur Rémy HEITZ. Le jeune commissaire de Police croit avoir entendu dire « qu’il aille se faire foutre »…

J’ai clairement affirmé dans ma déposition qu’en aucune façon je ne m’étais adressé à un Procureur de la République et que s’il y avait des mots durs ils étaient dirigés contre l’ONEMA.

D’ailleurs lorsque le Commissaire d’Hagondange m’a informé sur sa volonté de m’auditionner sur l’affaire du ruisseau, j’étais loin de penser que le Procureur de la République de Metz était mêlé à une telle affaire. De toute façon, s’agissant d’une conversation téléphonique informelle, je suis 1er Magistrat, Officier de Police Judiciaire, et je suis donc en droit d’estimer que ma parole exprimée dans ma déposition vaut celle d’un ragot.

Or, après ma déposition, le Procureur de la République de Thionville m’a convoqué pour un rappel à la loi. J’ai répondu à cette convocation que j’avais passé l’âge de la réprimande et que je préférais un procès public.

J’ai également fait remarquer dans ma réponse que si je suis attaqué par le Procureur de la République de Metz, l’affaire doit être dépaysée comme l’a été une citation directe de l’ex-Procureur de la République de Metz, Joël GUITTON, à mon encontre pour diffamation, à la 17ème Chambre correctionnelle de Paris.

Je viens de recevoir une convocation à comparaître devant le Tribunal correctionnel de Thionville le 14 décembre 2010.

Monsieur le Premier Ministre, il faut savoir que Thionville est plus proche d’Amnéville que Metz, et un dépaysement adéquat doit être le même que pour l’affaire Joël GUITTON.

En conclusion, Monsieur le Premier Ministre, est-il sérieux pour l’institution judiciaire française d’en arriver à ce point du ridicule, quelques supposés crapauds et tritons sur un crassier séculaire archi-pollué et un ruisseau imaginaire n’auraient-ils pas mérité un suprême dédain ?...

Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma très haute considération.




Docteur Jean KIFFER
Ancien Député
Conseiller Général de la Moselle
Maire d’Amnéville-les-Thermes

5 commentaires:

mistral a dit…

Bravo à vous. Il serai souhaitable que notre pays compte nombre d'élus de votre trempe.
Merci Monsieur Kieffer.

Anonyme a dit…

Monsieur le Maire,

Cet organisme(ONEMA)contribue certainement à ce que notre industrie disparaisse dans d'autres
pays ou les autorités ont autre
chose à imaginer que la sauvegarde
des crapauds et des tritons.
ARCHANGEL.

Anonyme a dit…

Monsieur le Maire,

A la fin des années 60 lorsque le
cours de l'ORNE fut devié pour
construire l'usine de GANDRANGE,
personne ne s'est inquieté du sort
des crapauds et des tritons.
Cette usine a permis de faire vivre
et travailler des milliers d'ouvriers pendant quatre decennies

Continuez votre combat,c'est pour la bonne cause. ARCHANGEL.

mipi57 a dit…

Ces Messieurs de l'ONEMA devraient être morts tout comme ceux qui sollicitent la justice dans cette affaire ABRACANDABRANTESQUE ne dit-on pas en effet que le ridicule tue?
Laissez-donc les volontaires, les créateurs d'emplois et de richesses tranquilles sinon, demain nous en serons réduits à nous nourrir de ..........crapauds et tritons..

montagmitsohne a dit…

L'absurdité est omniprésente dans les fables de Jean De La Fontaine,
et votre fable, Cher Docteur, est digne de ce Grand Fabuliste.
Vous avez raison de répondre par l'humour à la sottise.
Avec tous mes bravos et mon soutien.

montagmitsonne