lundi 26 juillet 2010

Lettre à la Direction Départementale des Territoires de la Moselle...

Monsieur,
J’accuse réception de votre courrier du 28 juin 2010 et après 45 ans de mandat de maire, je n’ai jamais lu des inepties et des stupidités pareilles.

Lorsque j’ai entendu parler de cette affaire par mon Directeur de Cabinet, je pensais qu’il s’agissait d’une plaisanterie.

C’est la raison pour laquelle en 2009, à l’occasion des vœux, j’ai informé la population de cette histoire, des tritons et des crapauds sur le crassier d’Amnéville. Les sidérurgistes de la Vallée de l’Orne ont réagi par un énorme éclat de rire … Comme on m’avait dit que les tritons et les crapauds venaient de Malancourt, j’ai transformé cette plaisanterie en une fable pour enfant.

J’ai décrit publiquement le cheminement des tritons et des crapauds qui quittaient les mares de Malancourt parce que nous étions en phase de défusion.

Le chef des tritons et des crapauds a réuni sa colonie, les a informés du fait que la commune d’Amnéville les abandonnait et c’est la raison pour laquelle il y a eu ce mouvement de migration vers le crassier d’Amnéville.

Lorsque les tritons et les crapauds de Malancourt ont découvert le crassier d’Amnéville, ils se sont sentis en terre promise. Après 2 ans, j’ai raconté aux enfants que la situation entre Amnéville et Malancourt étant stabilisée, les crapauds et les tritons étaient retournés dans les mares de Malancourt.

J’ai confirmé cette information en apposant une pancarte à l’entrée du crassier : « les crapauds et les tritons sont retournés à Malancourt »

En réalité, nous savons bien que s’il y a des tritons et des crapauds qui sont venus de Malancourt sur le crassier d’Amnéville, ils ne sont pas venus à pied mais ils ont été apportés là par les oiseaux.

D’ailleurs, selon le procès verbal de l’ONEMA, la preuve de la présence de ces batraciens est d’abord sonore.

Une prospection de Neomys aurait confirmé la présence de plusieurs individus des espèces à protéger… On ne précise pas s’ils ont été vus de visu. Mais, plus loin, je remarque que dans le chantier de démolition de serres horticoles, on a enfin trouvé, quel exploit, « un individu juvénile de triton palmé »…

Je voudrais d’abord faire remarquer à nos amoureux des batraciens que les terrains du crassier sont occupés et nous n’avons pas invité de batraciens…

Les batraciens à protéger auraient du être présents avant notre occupation des lieux, ils sont venus après nous, ils n’ont aucun droit…

En somme, nos batraciens occupent illégalement des lieux aménagés par la commune… Il faut savoir également que les 60hectares de crassier ont toujours été considérés par l’écologie comme étant une verrue de pollution invraisemblable.

Pendant 2 siècles, on a déversé sur le crassier tous les polluants industriels possibles et imaginables. Des études toxicologiques ont été effectuées, on nous a confirmé que pour protéger les populations contre toute résurgence probable d’éléments toxiques, il fallait recouvrir l’ensemble de la surface des terrains d’au moins 50cm de terre végétale.

Ce que vous appelez des mares d’eau, ce ne sont que des déclivités de chantier. Nous avons été obligés de déblayer et d’enlever tous les matériaux polluants, ce qui a engendré par endroit des creux qui sont devenus des mares éphémères.

Là où la situation devient carrément grotesque, c’est quand on fait référence aux 10 000m² de serres qui ont été rasés pour faire un lotissement. Pendant plus de 20 ans, ce terrain était couvert.

Dès que les serres sont démolies, un triton s’infiltre et pour protéger celui-ci, nous devrions arrêter le chantier d’un lotissement en cours de construction !

Le canal d’eau, le long des serres, a été creusé par nous. Il est destiné à accueillir l’eau d’infiltration du crassier et se déverse dans le ruisseau des haies.

Par cet aménagement hydraulique copié sur les Romains, Amnéville est la seule ville de la Vallée de l’Orne qui n’a plus jamais subi d’inondation. Mais, rassurez-vous, ce canal continuera à exister s’il y a des crapauds et des tritons qui descendent du ciel, nous les protégerons.

En bas de la butte du Snowhall existe une mare très ancienne avec des beaux roseaux.
Nous avons décidés de la conserver pour accueillir dans les meilleures conditions l’ensemble des crapauds et des tritons qui persisteraient à vouloir rester à Amnéville au lieu de retourner à Malancourt.

Cette histoire intéresse beaucoup les enfants et même les adultes. Elle démontre une fois de plus qu’au nom de l’écologie, on préconise parfois n’importe quoi.

En effet dans l’histoire qui nous concerne, vous avez tenté de stopper une opération économique de très grande envergure, plusieurs centaines de logements, pour protéger un triton que vous auriez découvert sur le chantier du lotissement des serres.

Pour être sérieux, nous vous informons de le DREAL avait demandé l’établissement d’un plan de gestion. La société missionnée nous a adressé les conclusions de cette étude. Elle préconise un recouvrement pérenne de l’ensemble du site par des matériaux sains d’une épaisseur minimum de 30cm.

Ainsi donc, me voilà en présence de 2 préconisations contradictoires de la part d’organismes de l’Etat concernant la situation du crassier d’Amnéville. ‘une part, vous nous demandez de conserver le crassier en l’état avec son écosystème, d’autre part le DREAL demande confinement de l’ensemble de la surface du crassier.

Respectueux de la santé de la population, je préfère bien entendu exécuter la solution préconisée par le DREAL.

C’est l’ONEMA qui est à la base de ce nouveau feuilleton. C’est d’ailleurs le même organisme qui, dans un déploiement de forces disproportionné, nous a accusés de polluer un ruisseau sans nom qui n’existe pas et qui n’a jamais existé.

L’Etat en faillite cherche à supprimer des postes de fonctionnaire, le vivier écologique est très propice à cela.

Il faut bien reconnaître qu’il y a plus de chance qu’il y ait des batraciens à protéger dans une forêt séculaire plutôt que sur un crassier pollué.

En conclusion, ces 40hectares d’un crassier archi-pollué ont été désintoxiqués au maximum. Conformément aux recommandations des services de l’écologie, nous avons recouvert l’ensemble de la surface par un mètre de terre végétale.

Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.


Docteur Jean Kiffer
Ancien Député
Conseiller Général de la Moselle
Maire d'Amnéville-les-Thermes


PS : pour réaliser Center Parcs, on a déboisé des centaines d'hectares, pour réaliser un lac artificiel de 6 hectares, j'ai été personnellement condamné à 30.000€ d'amende, je n'ai jamais entendu dire que l'ONEMA a été chercher des tritons ou des batraciens dans la forêt ou s'est implanté Center Parcs.

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